Obligations d’amélioration de la performance énergétique – Suspension de l’exécution du décret du 9 mai 2017

Photo de profil - MILLIER-LEGRAND Chantal | Avocat | Lettre des réseaux

MILLIER-LEGRAND Chantal

Avocat

CE, Ordonnance du 28 juin 2017, n°411.578

Suivant ordonnance de référé du 28 juin 2017, le Conseil d’Etat a suspendu partiellement l’exécution du décret n°2017-918 du 9 mai 2017 relatif aux obligations d’amélioration de la performance énergétique dans les bâtiments existants à usage tertiaire, en raison du calendrier jugé impossible à respecter et qui devait entrer en vigueur le 1er juillet 2017.

Ce qu’il faut retenir : Suivant ordonnance de référé du 28 juin 2017, le Conseil d’Etat a suspendu partiellement l’exécution du décret n°2017-918 du 9 mai 2017 relatif aux obligations d’amélioration de la performance énergétique dans les bâtiments existants à usage tertiaire, en raison du calendrier jugé impossible à respecter et qui devait entrer en vigueur le 1er juillet 2017.

Pour approfondir : Le Ministère du Logement publiait le 10 mai, avec beaucoup de retard, le décret relatif aux obligations de travaux d’amélioration de la performance énergétique dans les bâtiments existants à usage tertiaire.

Mesure phare de la Loi Grenelle II du 12 juillet 2010, le décret du 9 mai 2017 a déçu et sa mise en œuvre a été jugée difficile.

Trois organisations professionnelles ont saisi le Juge des référés du Conseil d’Etat par requête en date du 16 juin 2017, pour obtenir la suspension de l’exécution du décret n°2017-918 du 9 mai 2017.

Les organisations professionnelles ont justifié de l’urgence en invoquant le trop court délai entre la date d’entrée en vigueur du décret, soit le 10 mai 2017 et la date du 1er juillet 2017, fixée pour la production par les opérateurs concernés du plan d’actions et du rapport d’études énergétiques pour améliorer la performance énergétique dans les bâtiments existants à usage tertiaire d’une surface supérieure ou égale à 2.000 m2, et arguant plus généralement d’un doute sérieux sur la légalité du décret.

Le Ministre de la Cohésion des Territoires concluait au rejet de la requête, à l’absence d’urgence, et soutenait qu’aucun des motifs soulevés n’était de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité du décret contesté.

Rappelons que le décret pris en application de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique oblige les propriétaires et locataires à réduire les consommations d’énergie des bâtiments à usage tertiaire, d’une superficie égale ou supérieure à 2000 m2,  à hauteur de 25% d’ici 2020 et 40% d’ici 2030 et dans cette perspective, de réaliser des études énergétiques et à élaborer des plans d’actions pour le 1er juillet 2017.

R.131-46. Selon les modalités et les formats électroniques, les propriétaires occupants ou, dans le cas des locaux pris à bail, les bailleurs et les preneurs concomitamment, dans le respect des responsabilités et des obligations de chacun, transmettent les éléments suivants à un organisme désigné par le ministre en charge de la construction : avant le 1erjuillet 2017, les rapports d’études énergétiques conformes aux dispositions de l’article R.131-42, et le plan d’actions visés au I de l’article R.131-44 et, le cas échéant, le nouveau plan d’action et le nouvel objectif de consommation énergétique, déterminés conformément à l’article R.131-45 ; avant le 1er juillet de chaque année civile à compter de l’année 2018, et une fois par an, les consommations énergétiques de l’année civile précédente par type d’énergie exprimées en kWh et en kWh/ m2 ; avant le 1er juillet 2020, un bilan complet sur les travaux menées et les économies d’énergie réalisées.

Le Conseil d’Etat fait droit à la requête admettant que le calendrier fixé était impossible à respecter par les opérateurs concernés. Il relève également que le contenu des études énergétiques n’a pas été précisé et que n’a pas été désigné l’organisme auquel elles doivent être adressées. Le Conseil d’Etat souligne enfin le manque de clarté du décret.

L’exécution du décret du 9 mai 2017 est suspendue en tant qu’il comporte à l’article R.131-46 du Code de la construction et de l’habitation les mots : « avant le 1er juillet 2017. »

Dans sa décision, le Conseil d’Etat sursoit à statuer et réserve sa décision sur les autres demandes de la requête, soit sur l’obligation de réaliser les travaux nécessaires d’ici le 1erjanvier 2020.

La Fédération Française du Bâtiment avait demandé un report des obligations en dénonçant des « contraintes irréalisables ».

C’est chose faite. On peut donc espérer une remise à plat du décret et une clarification des nouvelles obligations qui s’imposeront aux propriétaires, bailleurs et preneurs des établissements concernés à usage de bureaux, d’hôtels, de commerces, d’enseignement et les bâtiments administratifs.

A rapprocher : Article 3 de la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement ; Article L.111-10-3 du Code de la construction et de l’habitation ; Article 17 de la loi du 17 août 2015 relative à la transformation énergétique ; Article R.131-46 du Code de la construction et de l’habitation.

Sommaire

Autres articles

some
Baux commerciaux : la demande de renouvellement aux clauses et conditions du bail expiré vaut offre de prix du bail en renouvellement
Le bailleur ayant accepté la demande du locataire sollicitant le renouvellement aux clauses et conditions du précédent bail, la demande en fixation du loyer du bail renouvelé doit être rejetée.
some
Covid-19 et non-paiement des loyers commerciaux pour la période d’avril et mai 2020
Si bailleur et preneur, en période de Covid-19, doivent, de bonne foi, se concerter sur la nécessité d’aménager les modalités d’exécution de leurs obligations respectives, les moyens du locataire – défaut dans l’obligation de délivrance du bailleur et...
some
Précisions nouvelles sur les prêts libellés en francs suisses et les clauses abusives
La CJUE considère que les clauses prévoyant l’allongement de la durée d’un contrat de prêt et l’augmentation du montant des mensualités sont susceptibles de créer un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties.
some
[VIDÉO] Etat du marché en période de crise sanitaire, par Patrick COLOMER
Patrick COLOMER, Expert judiciaire près de la Cour d’appel de Paris et agréé par la Cour de cassation, intervient dans le cadre de contentieux locatifs et d’indemnités d’éviction.
some
Exploitation illicite : attention aux modifications apportées aux projets commerciaux en cours de réalisation !
Par un arrêt en date du 15 février 2021, la Cour administrative d’appel de Marseille, saisie par l’Association En Toute Franchise, a censuré le refus d’un Préfet de mettre en œuvre les pouvoirs de police qu’il détient en matière d’aménagement…
some
COVID-19 : Fermeture des commerces non essentiels et demande de restitution des loyers payés pendant la période de confinement
La 18ème chambre du tribunal judiciaire de Paris décide que le locataire n’est pas fondé à exciper, au soutien de sa demande de restitution de loyers payés pendant la période de fermeture administrative de son commerce de vente d’objets d’art…