Les Data : nouveau pétrole de l’économie ! Acquisition de LinkedIn pour 26 milliards USD

Pourquoi Microsoft a cassé sa tirelire, 13 juin 2016

Microsoft rachète LinkedIn pour 26 milliards de dollars, un montant qui illustre le caractère désormais incontournable et stratégique de l’actif que constituent les données…

Ce qu’il faut retenir : Microsoft rachète LinkedIn pour 26 milliards de dollars, un montant qui illustre le caractère désormais incontournable et stratégique de l’actif que constituent les données.

Si de plus en plus d’entreprises, d’acteurs, semblent profiter aujourd’hui du « Data Asset », cette démarche implique de développer une démarche juridique 360, qui appréhende la Data sous toutes ses dimensions juridiques.

Pour approfondir : Inattendu et surtout historique, le montant de l’acquisition de LinkedIn est le plus important réalisé par Microsoft depuis sa création ! Il confirme, s’il y en avait le besoin, que les données (« data ») sont désormais un actif incontournable et surtout stratégique.

Cette actualité économique est l’occasion de revenir sur la tendance que suivent désormais de plus en plus d’entreprises : le « Data Asset », ou la valorisation du patrimoine de données d’entreprise. Cette stratégie, suivie par Microsoft à travers cette acquisition mais aussi par d’autres, a permis à certaines d’entre elles de transformer leur modèle économique pour s’adapter aux nouveaux besoins de leurs clients. Cette démarche doit impérativement s’accompagner d’une approche juridique « data 360 », pour sécuriser et valoriser ce nouvel actif du 21ème siècle qu’est la donnée, sous toutes ses formes.

  • La démarche Data Asset : valoriser l’entreprise et créer de nouveaux services

En rachetant LinkedIn, Microsoft entend enrichir son offre par de nouveaux services à forte valeur ajoutée comme, notamment, l’intermédiation ou la recommandation d’affaires : « Avec notre croissance autour d’Office 365 (…), ce rachat est fondamental si nous avons l’ambition de réinventer la productivité et le travail », explique Satya Nadella dans une note interne envoyée aux salariés du groupe. « Cela va ouvrir la voie à de nouvelles expériences, comme un flux d’actualités LinkedIn qui enverra des articles en lien avec l’objet de votre travail. Office pourra également vous proposer l’aide d’un expert, en analysant la tâche que vous essayez d’accomplir », indique un responsable de Microsoft (nous soulignons).

On perçoit aisément le bénéfice de cette stratégie pour Microsoft : une nouvelle activité et source de revenus, ainsi que l’opportunité de consolider et enrichir les données sur ses clients. L’utilité de ce type de fonctionnalité existe également pour les utilisateurs : gain de temps dans la recherche de prestataires éventuels, optimisation des tâches… Sur un plan pratique, ce type de fonctionnalité devrait impliquer, en toute logique, des opérations d’interconnexion entre les données que Microsoft détient sur ses clients, utilisateurs d’Office, et les utilisateurs de LinkedIn, ce qui est encadré par un régime juridique strict.

De nombreuses autres entreprises se sont lancées à la conquête de nouvelles activités en investissant dans des technologies digitales « data oriented ». Ainsi, le groupe « Clear Channel », leader dans le secteur de la publicité urbaine, a témoigné, lors de la conférence CIO « Data Asset » du 14 avril 2016, de l’importance des données dans la révolution numérique de son activité. Appartenant à un groupe américain présent dans 28 pays, qui réalise un chiffre d’affaires d’environ 3 milliards de dollars, la filiale française de Clear Channel, première Business Unit du groupe en dehors des États-Unis, a remporté d’importants appels d’offres il y a quelques années et a déployé, à cette occasion, un millier de dispositifs numériques dans des centres commerciaux de première envergure. Véritables objets connectés, ces panneaux communicants reçoivent certaines données sur la fréquentation des centres commerciaux, les parcours clients à l’intérieur d’un point de vente… Cette stratégie a permis à l’entreprise de mieux mesurer et maîtriser son audience.

Ce capital « data » constitue une source de valeur de premier plan. Comme tout autre actif incorporel (brevets, marques…), les données doivent faire l’objet d’une démarche juridique de mise en conformité de protection.

  • La nécessité d’une démarche juridique 360

Sur le plan juridique, la « data » doit être appréhendée sous toutes les qualifications juridiques qu’elle implique : un bien patrimonial susceptible de commerce, mais également un élément de la vie privée concernant les données personnelles, un facteur de risque au regard de la cyber-sécurité…

La méthode suivie jusqu’à présent par les entreprises, travaillant souvent en silos (par spécialité juridique et/ou sectorielle) aboutit à des analyses cloisonnées qui empêchent l’émergence de processus vertueux et de bonnes pratiques conformes à l’ensemble des contraintes règlementaires. Cette situation génère des risques non maîtrisés portant sur l’usage des données.

L’approche transversale consiste à dégager des principes juridiques généraux applicables à toutes les données, à travers les règles de droit commun [la propriété, la vie privée (données personnelles) et la responsabilité (cyber-sécurité)], et les règles sectorielles applicables.

Les entreprises qui auront adopté cette démarche, y trouveront plusieurs avantages : limiter le risque de plaintes/revendications, mais aussi et surtout se différencier des concurrents en restaurant la confiance les unissant à leurs clients.

Le commerce des data, tout juste émergeant, est peut-être le signe d’une nouvelle ère : celui où la monnaie serait remplacée par le capital « confiance ». Les juristes ont leur rôle à jouer à ce sujet.

A rapprocher : Voir notre interview sur la protection des données, grand défi juridique de demain ; et http://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0211025073533-avec-le-rachat-de-linkedin-microsoft-signe-sa-plus-grosse-acquisition-2006069.php

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