L’appréciation de la contrefaçon est indépendante des conditions d’exploitation de la marque

Cass. com., 23 juin 2015, pourvoi n°14-13.011

Pour apprécier l’existence de la contrefaçon d’une marque par une marque seconde, le juge doit se contenter de comparer les signes désignés dans l’enregistrement de la marque et ne doit pas tenir compte des conditions d’exploitation.

Ce qu’il faut retenir : Pour apprécier l’existence de la contrefaçon d’une marque par une marque seconde, le juge doit se contenter de comparer les signes désignés dans l’enregistrement de la marque et ne doit pas tenir compte des conditions d’exploitation.

Pour approfondir : Dans cette affaire, la société titulaire de la marque verbale et figurative Min’ours agissait en contrefaçon de marque à l’encontre de la société titulaire de la marque Kid’ours.

Pour apprécier l’existence de la contrefaçon, la Cour d’appel s’était penchée sur l’examen des ressemblances entre les signes.

Or, pour conclure à l’absence de risque de confusion, et donc de contrefaçon, les juges avaient relevé que la similitude entre les signes était atténuée par les différences entre les modes de conditionnement des produits ainsi que la présentation des marques sur ces derniers. Le pourvoi faisait grief à l’arrêt rendu par la Cour d’appel de ne pas s’être contenté de comparer les signes en présence et d’avoir intégré dans son appréciation les conditions effectives dans lesquelles les signes étaient exploités.

Par cet arrêt de principe, au visa des articles L713-3 et L.716-1 du code de la propriété intellectuelle, la Cour de cassation va censurer l’arrêt qui lui est soumis. Elle rappelle en premier lieu que « … le risque de confusion doit s’apprécier globalement, par référence au contenu des enregistrements des marques, vis-à-vis du consommateur des produits tels que désignés par ces enregistrements et sans tenir compte des conditions d’exploitation des marques ou des conditions de commercialisation des produits ».

Ce principe d’appréciation de l’existence d’une contrefaçon étant rappelé, la Cour casse l’arrêt en lui reprochant d’avoir statué au vu de l’exploitation des marques pour la commercialisation de produits vitaminés destinés aux enfants et de la comparaison des modes de conditionnement de ces produits, alors qu’elle devait se référer, en ce qui concerne l’impression d’ensemble sur les plans visuel, phonétique ou conceptuel à l’enregistrement des marques en cause.

En conclusion, on retiendra que les conditions de commercialisation des produits sous la marque et, plus largement, d’exploitation des marques sont indifférentes à l’appréciation de la contrefaçon qui réside dans la seule comparaison des signes sans tenir compte de facteurs extérieurs. Cela est l’occasion de rappeler l’importance de l’acte de dépôt de marque et l’intérêt de s’entourer de professionnels puisque cet acte défini les contours de la protection.

A rapprocher : Articles L.713-3 et L.716-1 du Code de la propriété intellectuelle 

Sommaire

Autres articles

some
Publication d’un avis de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes portant recommandations dans le domaine de la sécurité numérique
La CSNP a publié [...] un avis portant recommandations dans le domaine de la sécurité numérique, et plaidant notamment pour la création d’un parquet national consacré à la cybercriminalité et pour la création d’un dispositif dédié au paiement des rançons
some
Le Conseil d’Etat se prononce sur la conservation des données de connexion à des fins de sauvegarde de la sécurité nationale
Dans une décision en date du 21 avril 2021, le Conseil d’Etat s’est prononcé sur la conformité du droit français au droit européen en matière de conservation des données de connexion par les fournisseurs de services de communications électroniques.
some
La cour d’appel de Paris apporte des précisions sur le régime applicable en matière de violation de licence de logiciel
La cour d’appel de Paris a, dans un arrêt du 19 mars 2021, considéré que la violation d’un contrat de licence de logiciel ne relevait pas de la responsabilité délictuelle mais de la responsabilité contractuelle.
some
Le révolutionnaire avis client
À l’heure où le marketing traditionnel est remis en cause, l’importance de l’avis client est grandissante. 88 % des internautes consultent les avis clients avant un achat en ligne et 73 % avant un achat en boutique .
some
La Commission européenne apporte des éclaircissements concernant les transferts de données personnelles vers le Royaume Uni
La Commission européenne a annoncé avoir engagé des démarches pour autoriser de façon générale les transferts de données à caractère personnel vers le Royaume Uni en publiant le 19 février 2021 deux projets de décisions dites « d’adéquation ».
some
Dépôt d’une marque de mauvaise foi et intention d’usage
La CJUE précise que le dépôt d’une marque sans intention de l’utiliser peut être considéré comme ayant été effectué de mauvaise foi, que si la preuve en est rapportée ; aucune présomption ne découle du fait que le demandeur au…